Isabelle : – Alors là tu as fait fort ! Un conseil municipal de dix minutes, c’est le plus court de ta carrière.
Patrick : – Il faut dire que l’idée d’organiser un buffet dinatoire à la fin, c’est radical. Ils attendent tellement qu’ils votent n’importe quoi pour aller bouffer.
Isabelle : – Ils ont toujours voté n’importe quoi…
Patrick : – Mais tu sais Isabelle, on a une catastrophe !
Isabelle : – Ne me dis pas que le petit con du Petit Journal est revenu ?
Patrick : – Non, t’inquiètes, il est interdit d’entrée, comme celui de Mediapart. Tous dehors ces racailles.
Isabelle : – Ils ne t’ont pas mis en examen une fois de plus ?
Patrick : – Même pas, ils ont fait pire à Francfort.
Isabelle : – A Frankfort ? Mais on n’y a jamais mis les pieds ? Tu sais moi la choucroute et les saucisses…
Patrick : – Il n’y a pas que cela à Frankfort, il y a le siège de la Banque centrale européenne.
Isabelle : – Et on a placé des fonds là-bas ?
Patrick : – Mais non, mais ces cons ils suppriment les billets de 500 euros !
Isabelle : – Ah bon ? Mais pourquoi ?
Patrick : – Ils ont dit que « le billet est accusé d’être principalement utilisé par des trafiquants pour transporter discrètement des montants importants. »
Isabelle : – C’est possible. Mais qu’est-ce qu’on fout dans cette histoire ? Nous, nos fonds ce sont des bâtiments, des villas, des placements, des comptes à Singapour, au Pana…
Patrick : – Chut ! On ne parle plus des Panama papers ! Silence !
Isabelle : – Ne me dis pas que tu as stocké des fonds en billets de banque ?
Patrick : – Obligé ! Comment veux-tu que je verse des bakchich à Levallois si je n’ai pas de monnaie ? Alors j’ai stocké, des malles de billets de 500 euros. Essaye de comprendre si tu prends un million en billets de 50, ça pèse 22 kg ; en billets de 500 ça ne pèse plus que 2,2 kg. Je n’ai pas eu le choix… De toute façon tout ça c’est une vengeance personnelle. Tu connais Sapin ? Le copain au gros Hollande ? Il a dit « Le billet de 500 euros est plus utilisé pour dissimuler que pour acheter »
Isabelle : – Ah oui, si on n’est pas visé avec ça… Et ils sont où ces billets ?
Patrick : – Sous la terrasse de la ville Pamplemousse, dans les escaliers de la villa Serena, dans le jardin du moulin de Cossy…
Isabelle : – Mais la villa Serena on ne l’a pas vendue ?
Patrick : – Si mais à une société du Liechtenstein d’un copain. On peut y aller quand on veut, on est chez nous. Et puis dans la cour du riad de Marrakech, sous la fontaine, deux malles et des grosses…
Isabelle : – Faut aller chercher tout ça et on ramène les fonds chez moi, dans ma famille, en Tunisie.
Patrick : – Mais on ne peut pas ; non seulement ce sont des billets qui vont ne valoir plus rien, mais en plus toutes les maisons sont sous surveillance ! En plus n’oublie pas que j’avais dit à la télé que j’étais l’homme le plus honnête du monde ?
Isabelle : – Sûrement le plus ruiné, oui ! Bon moi je me taille comme la dernière fois. Je vais me chercher un escroc qui rapporte et qui ne joue pas les Harpagon.
Propos recueillis par Christian Gallo – © Le Ficanas ® – Photo : Frederick Stevens / Sipa Press